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Urbanisme & Patrimoine
Le bâtiment

Longtemps “nomade”, disposant de bureaux situés à bonne distance de ses locaux pédagogiques - implantés dans un gymnase partagé avec l’École Marcel Cachin -, installant des structures éphémères pour montrer son travail au public, le nouveau bâtiment du Plus Petit Cirque du Monde (PPCM) a pu regrouper toutes ses activités sur un site unique.


Le coût de l’investissement a été de 3,5 M€ HT, partagé entre la Ville de Bagneux, la Région Ile-de-France, le Département des Hauts-de-Seine, la Communauté d’Agglomération Sud de Seine et l’intervention du Ministère de la Culture au titre du programme Culture partagée, Culture pour tous. L’agence Construire (Loïc Julienne, Patrick Bouchain) a remporté le concours pour la maîtrise d’oeuvre en novembre 2012. Le PPCM a été officiellement désigné “maître d’usage” et a participé à toutes les étapes de la construction. Les travaux ont démarré en avril 2014 et se sont achevés en février 2016. Le bâtiment appartient à la Ville de Bagneux. L’association Le Plus Petit Cirque du Monde en est le gestionnaire, selon une convention de mise à disposition (2016-2028).


LE GRAND CIRQUE DU PLUS PETIT CIRQUE DU MONDE


Le Grand Cirque du PPCM s’inscrit dans le relief fortement prononcé du coteau des Cuverons de Bagneux, caractérisé par ses immeubles d’habitations sociales des années 1950- 1960 dans un paysage dominé par une longue barre de logements. Le coteau a été sculpté en terrasses successives par les bâtiments et les cours de l’École Marcel Cachin qui descendent jusqu’au vallon de l’avenue du Maréchal Foch, limite communale avec la ville de Fontenay-aux-Roses. Plus bas, l’avenue rejoint le carrefour des Blagis (ville de Sceaux) et l’église Saint Stanislas (1936).


L’une des terrasses de l’école était constituée par l’ancien gymnase et le terrain de sport qui le prolongeait, affectés par la Ville de Bagneux au développement du PPCM. Le programme de la consultation lancée par la ville en 2012 donnait plusieurs contraintes majeures au regard de ce site particulier : la réutilisation de l’ancien gymnase, le raccordement du PPCM à l’École Marcel Cachin, un signal fort sur l’avenue du Maréchal Foch et le maintien d’un espace libre partagé avec le quartier environnant.

Pour répondre au plus juste à ce programme, le projet lui-même est posé directement sur le sol existant du terrain de sport, comme un cirque de passage sur le champ de foire de la ville. Il vient prendre possession du terrain existant en laissant son cœur libre pour une place publique ouverte à l’ouest vers les habitations voisines et permettant d’accueillir occasionnellement des activités du PPCM à l’air libre. Toutes les constructions sont raccordées de plainpied avec cet espace extérieur. Le grand chapiteau en bois - qui sert de lieu d’accueil en résidence et de salle de spectacle (320 places) - se déploie le long de l’avenue du Maréchal Foch comme un grand origami de papier plié, donnant une forte visibilité au PPCM. Il domine l’ensemble avec une flèche montant à 28 mètres. Le volume de la salle de formation redescend progressivement le long de l’avenue tandis que le toit du foyer s’accroche au flanc du chapiteau pour rejoindre le niveau de la toiture de l’ancien gymnase.

Malgré ses grandes dimensions, le PPCM vient s’insérer dans le relief de la colline arborée dont il devient un élément singulier mais cohérent : l’alignement d’arbres de l’avenue reste dominant, les bâtiments de l’école forment des terrasses qui se raccordent à celles du projet et la grande barre de logements des Cuverons qui ferme l’horizon est adoucie par la pointe du chapiteau.


Toutes les constructions neuves ont été réalisées en charpente ou en ossature bois. Les traitements des façades et couvertures sont différenciés : chapiteau et salle de formation sont fermés par des bardages bois naturellement classe 3 (pin douglas ou mélèze) et couverts par un complexe thermique et acoustique fini par une membrane d’étanchéité (“liner”) colorée qui reprend les teintes des façades de l’École Marcel Cachin. Le foyer est fermé (toiture et façades) par des bacs secs métalliques ou transparents (PVC) selon les zones. Les façades de l’ancien gymnase sont doublées par une nouvelle peau isolante constituée d’une alternance de panneaux de PVC alvéolaire et de panneaux de stratifié compact colorés. La grande majorité de ces matériaux sont laissés bruts de finition, permettant une plus grande liberté d’usage et un entretien très limité.

Le foyer est un espace non-programmé, prêt à recevoir tous les possibles. Il dispose d’un bar/ tisanerie qui fonctionne pour les usagers quotidiens comme pour la foule des évènements exceptionnels. Il est le lieu de toutes les rencontres : administratifs, professeurs, élèves, artistes en résidence, parents attendant leurs enfants, public, passants. L’ancien gymnase dispose d’un grand espace de stockage directement accessible depuis le parvis, d’une salle de danse et d’activités de bonne dimension, de vestiaires et de sanitaires et d’une grande salle de réunion. Un demi-niveau partiel est créé pour recevoir un complément de locaux administratifs et les principaux locaux techniques de l’établissement. Le chapiteau est accessible directement depuis le foyer. Il comporte six alcôves dont trois sont équipées de mezzanines (régies, orchestre, activités liées à l’exploitation). Les dessous de mezzanines sont autant de rangements. Au centre, un vaste espace de vingt-trois mètres de diamètre est laissé libre pour les résidences d’artistes. Une passerelle technique à treize mètres donne accès aux différents niveaux d’accroche des agrès et des lumières.

Un gradin - constitué de plusieurs modules indépendants - peut réunir trois cent vingt spectateurs autour d’une piste de treize mètres de diamètre.


La salle dédiée aux formations est séparée du chapiteau. Leurs sols sont constitués de béton cristallisé comportant des décaissés (un dans le chapiteau et un dans la résidence) avec des parquets de danse. Les dalles sont équipées de multiples points d’ancrage pour la fixation des différents agrès. Les gradins sont décomposés en petits modules de vingt-deux places pouvant facilement être placés verticalement sur roulettes pour être transportés vers l’espace de formation, le foyer, la salle de danse et d’activités, le parvis ou les espaces de stockage.


Le vaste parvis laissé libre au centre de la cour formée par l’ancien gymnase, le foyer et l’espace de résidence permettent une desserte logistique facile et la mise en place ponctuelle d’espaces scéniques extérieurs (à l’air libre ou sous chapiteau). C’est un lieu partagé entre le PPCM et les habitant.e.s du quartier. Le talus a été traité pour donner le sentiment que les plantations montent à l’assaut des bâtiments. Les plantations sont composées d’arbustes à feuillage persistant de couleur claire et chatoyante, suivi de floraisons décoratives et odorantes. Ces végétaux sont résistants, “généreux” et à croissance rapide. Le sol du talus est composé d’un paillage de bois raméal fragmenté remplaçant donc une pelouse à tondre et à arroser. La toiture de l’ancien gymnase est végétalisée.


UN CHANTIER “ACTE CULTUREL”, OUVERT AU PUBLIC

Le nouveau bâtiment est venu s’insérer dans le cadre existant de l'École Marcel Cachin et dans un quartier riche en qualités mais suspicieux par rapport à l’arrivée d’un nouvel équipement consommateur d’espace. S’agissant d’un équipement public financé par de l’argent public, il paraissait légitime de proposer aux populations concernées (habitant.e.s, écolier.e.s, enseignant.e.s, etc.) de participer aux temps forts du projet puis du chantier : poursuite des activités pédagogiques, résidences d’artistes, visites, conférences... Les travaux n’ont pas correspondu à un moment de fermeture, mais sont devenus un temps fort de l’action politique. La période des travaux a été utilisée par le PPCM pour mettre en oeuvre de nombreuses actions en direction des publics. Il s’agissait pour les équipes de bâtir une saison particulière avec ses ressources propres et des invité.e.s afin de proposer autour et dans le chantier des interventions artistiques pluridisciplinaires : cirque, danses et cultures urbaines, musique, poésie, initiation à l’architecture...


Le chantier de construction du Plus Petit Cirque du Monde s’est déroulé en deux phases de travaux afin de permettre la continuité d’exploitation. Une première phase a concerné la salle de formation, le chapiteau, le foyer et la partie de l’ancien gymnase qui regroupe sanitaires, vestiaires et locaux techniques. La seconde phase a concerné l’aménagement de l’ancien gymnase. Pendant toute la durée de la première phase, une cité de chantier élargie a permis l’installation temporaire de l’administration du PPCM, l’accueil des élèves, du public et des artistes. Les usagers ont continué à fréquenter l’ancien gymnase, ils ont pu suivre des visites de chantier ou assister aux grands évènements qui ont ponctué les diverses phases de travaux, respectant les règles d’une haute qualité humaine (HQH). Le chantier a ainsi été porté par ses utilisateurs, soutenu par les élus et adopté par son voisinage.